Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/263

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couronne d’or une tête de fanatique enluminée de sang et de vin !

Ô mon cœur fatigué ! puisque tu ne peux te dilater sur l’estime, contracte-toi donc sur le mépris, le Mépris aux cheveux de serpent qui te fera saigner par mille blessures affreuses !


IX


Et non seulement les personnes, mais aussi les choses de la tranquille Bourgogne n’auraient plus de charme pour moi !

Tu coulerais trop paisible au gré de mon impatience, rivière des vallées, entre les joncs et les myosotis de tes rives charmantes. J’ai vu trop de torrents, de grands lacs, de vagues salées pour me plaire encore au bord de l’Armançon :

« Un tout petit ruisseau, coulant visible à peine,
Un géant altéré le boirait d’une haleine. »

Que me diraient le martin-pêcheur, le grimpereau, le pic aux ailes fortes qui crie, qui vole entre les peupliers ? Que me diraient les senteurs des oseraies ? Que me diraient l’abeille, le grillon, la grive vendangeuse et le perdreau trotteur, et le chevreuil de la forêt ?

Rien. Rien non plus le lézard, le lapin réveillé qui lustre sa moustache dans les pleurs de la nuit, ni les moineaux vandales qui s’abattent sur les