Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/348

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nuage, calcines la poussière, fends pierre et terre ; toi qui dessèches les torrents et fais éclater l’olivier : rouvre mes yeux, soleil ! mes yeux sont moins durs que le fer.

« L’alcool est-il devenu froid comme la glace des pôles ? L’étincelle n’allume-t-elle plus la poudre ? Quand tout nage dans ta mer de feu, soleil ! moi seul, le plus ardent des êtres, t’invoquerai-je en vain ?

« Personne ne devrait être aveugle dans l’Espagne dorée, car nos yeux bruns sont le miroir de l’astre de lumière comme les yeux verts du Livonien sont le miroir des eaux. Pourquoi mes sourcils touffus et mes longs cils n’ont-ils pas été brûlés aussi ? Hélas ! parce qu’on n’arrache pas les cyprès qui protègent les tombes !

« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Jeunes filles qui pouvez lire dans les yeux de vos amants, profitez des beaux jours ! Les nuages accourent vite dans l’atmosphère limpide ! le Malheur recherche les existences souriantes pour égayer sa morne tristesse. À moi comme aux autres des vierges plus fraîches que l’Aurore ont tendu leurs lèvres avides ! Et maintenant……

214 « Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !


« Jeunes garçons, brisez les couteaux aux lames meurtrières. Ce sont des armes trop courtes pour atteindre l’ennemi dans les batailles, et toujours trop longues quand vous les dirigez contre