Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/374

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des pythonisses, emporte leurs ardeurs dans ton âme sensible. Et 231 jette-toi dans l’humaine cohue, brillant de l’éclat qui fait remarquer et craindre ceux que j’embrâse de mon souffle.

» Engage ta vie sur mes pas, suis-moi, confiant, dans la voie difficile où je vais te conduire. Quand je serai satisfaite de tes efforts, je t’apparaîtrai dans la nuit, je pencherai ma tête sur la tienne, j’encadrerai ton visage dans mes cheveux ; tu sentiras sur tes dents passer mes dents si blanches, mon haleine immortelle. Et si quelque jour je te juge digne de la gloire, tu me verras voilée d’une mantille sanglante, plus éthérée, plus agaçante, plus divine que jamais. Et je lirai jusqu’au fond de ton âme, et de ma lèvre brûlante je baiserai ta lèvre pour la première et la dernière fois !

» Par toi les hommes apprendront quelle influence exerce sur leurs destinées la femme libre et belle. Par toi les femmes prendront conscience de leur supériorité relative, et profitant de l’empire légitime qui leur est donné sur l’homme, elles l’entraîneront vers tout ce qui est beau, vers tout ce qui est grand. Elles préféreront devenir les maîtresses de ceux qui s’appellent Tasso, Byron, Hoffmann, que les femmes, les prostituées à vie des empereurs et des banquiers qui n’ont d’autre mérite que leur plumage d’or. »

— Enchanteresse aux pieds errants, écoute ma promesse d’amour :

Que les oiseaux captifs salissent leurs plumes aux barreaux de leurs cages ; qu’ils y prostituent