Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/48

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dans ses existences antérieures, mon âme a fixé son séjour entre les ailes d’une hirondelle.

Cette croyance-là me portera bonheur !


« De bonnes nouvelles apportées d’un
pays éloigné sont comme de l’eau fraîche
à une personne altérée et lasse. »
Proverbes du roi Salomon.


13 Or ce matin, comme j’écrivais, celle qui m’est le plus familière abattit son vol dans ma chambre. — Salut ! la chanteuse à la gorge rouge, d’où viens-tu si gaîment ?

— Je viens des belles contrées où se plaît le soleil ; j’ai traversé les mers du Sud qu’il fait étinceler sous ses rayons. Quand les premières gelées blanchiront l’herbe d’automne, je repartirai pour les pays du soleil. Je prends mon bien où je le trouve ; le monde est ma patrie, la terre est mon domaine ; les hommes construisent des palais et des chaumières qui me servent de toit ; et sur la plaine liquide, quand je me sens trop fatiguée, je me repose, en fredonnant, sur les cordages des beaux navires.

— As-tu traversé, dis-moi, le grand pays aux forêts verdoyantes, la France abondante en vins, en froment, en beaux fruits ? Comment l’as-tu trouvée ?

— Bien âgée, bien triste, abattue, déchue, mourante ! Qu’elle a changé, grand Dieu ! La vieille gaîté gauloise et la liberté franque en sont bannies