Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/53

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blanches, comme les arbres leurs feuilles vertes. — J’appelle sur mes livres la lumière 18 de la discussion, la trompe de la publicité, l’intérêt des libres, la haine des esclaves, les douces larmes des femmes, le rire naïf des enfants et des vieillards. Je n’ai peur que du silence. La vérité toujours est forte.

Moi, je sème en chantant !


Je jette mes paroles bien haut. — La calomnie les saisit au passage et les gèle dans l’air. Mais la semence revient toujours à la terre ; les bonnes raisons de la justice abattent les aveugles colères, comme la pluie les grands vents. Et quand reluiront les beaux jours de printemps, mes paroles éclateront. Maître Rabelais le dit, et je le crois.

Et je sème en chantant !


Je jette mes paroles bien loin. — Arrière stériles bavardages, ambitions microscopiques du présent, batailles de dames, de valets et de rois ! J’estime que l’homme libre voit plus clair dans l’avenir que dans ces orgies ténébreuses. Je ne connais d’écrivains dangereux que les intrigants et les vendus. De l’audace, de l’audace, encore de l’audace ! Il n’y a de certitude que dans la Prophétie !

Moi, je sème en chantant !


Je jette mes paroles au public sans précaution, sans mesure. — J’appelle brutalement les choses par leur nom. Car aujourd’hui, précaution veut