Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/148

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despotes glorieux pour quelque temps encore !

Mais que vais-je chercher midi à quatorze heures ? Je n’ai pas besoin de vous observer à Clichy pour me faire une idée de votre concorde, ô Civilisés très honnêtes ! Il est sur la terre qui le porte à regret, un édifice bien plus sombre, bien plus immoral, bien plus encombré que les prisons de criminels et de receleurs ; c’est la Bourse où l’on vous laisse libres, comme larrons en foire, pratiquant, trafiquant, tirant le plan des vols que protége la Loi. Oh qu’elles sont touchantes en vérité la probité-modèle, la douce aménité, la tout aimable association des frères et amis de l’Agio !… 361 J’en pleure, mais c’est de rage. Et mon cœur se gonfle et pousse des flots de sang à mon cerveau ! —

… Quand les prisonniers résistent à cette première épreuve, épouvantable spécimen de communisme gouvernemental et moralisateur, on les verrouille hermétiquement dans une cellule où la Solitude est leur compagne, et le Cauchemar, leur camarade de nuit !

… Et quand ils résistent encore, on leur ravit la vue du nuage qui passe, la fraîche brise des matins et des soirs, la visite de l’oiseau chanteur, celle de la souris et de l’araignée qui consolaient les captifs de Plessis-les-Tours, de Chillon et de la Bastille. On envie les tristes lauriers d’Olivier-le-Daim d’exécrable mémoire, et du compère Tristan ! On est plus chacal, mais pas aussi renard que Louis XI, le vieux goutteux qui prenait du tabac !