Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/159

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aspirations. Les cieux sont sur sa tête ; et sous ses pieds les ronces, les cailloux du chemin. À chacun de ses pas, il se heurte au fonctionnaire, au soldat arrogants, au prêtre qui traîne son propre deuil, à l’esclave imbécile, aux juifs couchés dans la poussière, aux rois, ces chiffonniers besoigneux, qui crochètent des couronnes d’occasion dans des pactoles de sang !

Ô terre, ô corps d’argile, ô ma prison étroite, tu dévores mon âme comme la tunique du centaure que l’amour rendait fou ! Le siècle qui vient m’attire comme l’aimant ; le siècle présent me retient comme un étau de platine. L’explosion de mon cœur fait éclater mes côtes ainsi que la poudre enflammée qui disperse dans l’air les grilles des arsenaux.

… Ainsi joue le Destin, le destin homicide !


V


368 Je retourne sur mes pas dans la longue route de la vie. À cinq ans de distance, je rencontre un corps baigné dans des larmes de sang : c’est le cadavre de Marie Capelle !

Cette femme ne s’est pas éteinte, elle a été violemment détruite : sa mort est œuvre humaine.

Le meurtre est incontestable, incontesté. Qui l’a commis ? Elle ou les autres ? Est-elle meurtrière ou victime ? Faut-il la condamner ou la plaindre ? — J’informe……