Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/193

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Les rois crient de leurs bières : Dieu ! protège-nous ! Peuples ! priez pour nous ? Qu’importe à Dieu ? Qu’importe aux peuples ? — La Mort tranche le nœud des intérêts humains. Le maître n’a plus besoin de valets ; les valets n’ont plus peur des maîtres. Jusqu’ici l’égalité ne fut vraie que devant la tombe !

Ô la plus vengeresse des révolutions, Mort, je te salue !


II


Soulevez-vous, opprimés ! Chantez, chantez les hymnes d’allégresse ! !

L’aile de la mort est large ; elle frappe à droite, à gauche, en haut comme en bas, ver et roi ! Mais impartiale est la justice de la Mort ; elle remplit les grands de terreur et les petits d’espérance ! Les royaumes de l’avenir sont aux pauvres de biens, aux riches d’esprit. Le monarque d’aujourd’hui sera le pauvre de demain !

Soulevez-vous, opprimés ! Chantez, chantez les hymnes d’allégresse ! !


N’ayez peur de la Mort. Elle est maigre comme vous. Comme vous elle travaille, fauche et révolutionne le monde, jour et nuit. Son voile est déchiré comme vos habits, ses dents claquent 390 comme les vôtres ; son bras est fort ; son front sue ; le mal a creusé ses yeux et dénudé son crâne. — En tout elle est semblable à vous.