Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/196

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genoux richesses et parures gagnées à la sueur de ton front ; ainsi tu te contentes, respectueux amant, de boire la fraîcheur de son haleine. Oh ! tu es grand, mon frère, grand sur les vagues et grand sous la vapeur, grand dans le travail et grand dans l’amour ; grand comme Thor ou Byron ! Byron ! !

Époux de la mer, épouses de l’océan, les rois et les reines d’Angleterre ont voulu dormir leur long sommeil à portée de ses caresses, sous les froides voûtes de Westminster, aux rivages majestueux de la verte Tamise. C’est là qu’ils entendent le sillage du vaisseau sur la mer amoureuse, là qu’ils reçoivent les confidences des abîmes, les messages, les richesses et les trophées que rapportent leurs flottes de tous les bouts du monde.

Longtemps la monarchie des Îles de Bretagne fut la favorite de l’océan, et jusque dans la mort elle lui reste fidèle. Et lui, le grand Corsaire, l’adore, ainsi que Conrad aimait sa Médora !


Par les longues soirées de Juin, que d’heures j’ai passées, recueilli devant ta majesté, sombre Escorial, dernier palais des rois les plus superbes !

Autour de tes masses crénelées je voyais se presser les pics inaccessibles, les nuages d’or et de feu, les neiges éternelles, les sapins obstinés, et le soleil des Castilles prêt à briser son disque par l’excès même de ses ardeurs.

Puis, cette nature s’animait sous l’impulsion de ma pensée. Tous ces objets immobiles se heur-