Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/219

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hibou digérer, confortable, ses festins de la nuit. Mais je n’ai rien compris de hideux comme une pleine salle de bourgeois venus tout exprès pour épier les sanglots d’une mère, pour les humer, les boire, se frotter mains et ventre, et dire : je m’amuse pour mon argent !

Ne faut-il pas que les affaires se fassent, affaires de commerce et affaires d’art ? Et depuis quand la douleur a-t-elle droit sur le privilège sacré de l’entrepreneur ? Les modernes furies, la Peine, la Convoitise et la Misère sont avides de quotidiennes jouissances. On marche sur les yeux des morts, on arrache les cœurs des poitrines brisées, on les fait battre devant le public immonde. Et le Public se déclare à peine satisfait ! Ah ! mille fois plus monstrueux que la société de la Méduse ! !

Quand les reines meurent, les théâtres sont fermés. Il n’est plus de tristesse, il n’est plus de sympathie, vous dis-je, que par ordre du gouvernement !… Oh ! pudeur ! !




III. — Ah ! laissez-moi pleurer !

Laissez-moi pleurer, moi pauvre. — Car je ne puis que donner des larmes à cette grande infortune. Mais les soupirs de mon cœur valent bien les discours que laissent tomber prêtres et philosophes de leur lèvre amincie !

Laissez-moi pleurer, moi proscrit. — Car il est des douleurs qu’on n’adoucit point, mais qu’on partage. Et telle est ma douleur 407 à moi séparé