Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/221

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Il est une Italie délivrée en vue de laquelle nous succomberons de fatigue, et que déjà ton fils habite !

Mère, sourirais-tu ?


Non, car mes sympathies sont tristes, et mon inspiration fatiguée. Non, car ma voix solitaire ne fait plus battre que mon cœur. Et si j’éveillais un souvenir en toi, ce serait celui du dernier instant de ton bien-aimé !

Mère, pauvre mère, je me tairai. Je ne rouvrirai point les blessures de ton âme. Mais écoute, ô ma sœur, sa parole, la parole de ton enfant !




408 V. — Claire est la nuit ; carressants tes rayons, chaste Déesse au croissant argenté ; le ciel glorieux d’Italie s’allume à la clarté de millions d’étoiles… C’est le diadème des bienheureux !

Le dernier chœur des batelières s’est perdu sous les eaux ; pareilles à une bande de cygnes, les barques au long cou[1] se reposent sur les bords échancrés de l’Éridan qui dort. Les pures vapeurs, les vapeurs bleues, descendent sur la terre parfumée. L’Alpe se recueille comme une pénitente blanche qui va faire sa confession.

Sur le dôme del Monte[2] qui domine les hau-

  1. Les bateaux qui courent sur les eaux padanes ont la poupe longue et recourbée, semblable au cou des oiseaux d’eau.
  2. Couvent de capucins sur la colline de ce nom.