Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/286

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ai fait mon deuil. Je les foulerai sous mes pieds comme des feuilles mortes ; je n’en emporterai que ce qui est essence.

Et dès le matin de mon réveil, dans la génération qui vient, je reprendrai ma plume abandonnée. Et chacun pourra suivre mes pensées d’aujourd’hui dans mes pensées de demain.

Mon âme sera revêtue d’une argile plus pure. Le développement des traditions humanitaires explique et nécessite la migration des âmes dans l’humanité. Hier j’étais Pythagore, et j’entrevoyais les lois générales des transformations. Demain je serai n’importe quel penseur, et je révélerai les mystères de la continuité des existences.

Aujourd’hui, je suis le fiancé de la Mort !


Je suis le fiancé de la Mort. — Mes relations sont tranchées sur terre.

Ouvre-moi tes entrailles, ô terre, terre du printemps, fleurie, miséricordieuse. Je veux me plonger dans tes vapeurs tièdes et renaître. Je veux un tombeau sans nom, sous le gazon des montagnes, près du torrent furieux. Au moins ne ferai-je plus souffrir personne. Je ne puis être enfin aimé qu’après ma mort.


Je suis le fiancé de la Mort !

Spectres et follets, sorcières et gnomes, suppliciés, justiciés, 450 bandits de tous les temps !… Formez autour de moi la ronde infernale ! Le chat Mürr jouera du violon.