Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/321

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produit tous les funestes résultats que je signale.

Turin est sans contredit le plus pauvre de ces cœurs industriels secondaires ; comme tel il est condamné sans retour ; tant que l’Europe civilisée gravitera sur le principe d’une absorbante centralisation politique et sociale, nulle alliance ne saurait le sauver. Il ne peut en effet ni fabriquer suffisamment, ni suffisamment écouler pour tenir contre l’immense circulation qu’entretiennent autour de lui des pays plus importants ; il est de trop dans l’Occident commercial. Il est pris entre les zones de trafic de l’Angleterre et de la France dont l’une l’assiège par mer, obligée qu’elle est de chercher sans cesse des débouchés nouveaux à sa dévorante production, dont l’autre le cerne par terre pour agrandir sur le continent son influence mercantile. Ainsi bloqué, le Piémont végète tristement sur une industrie sans avenir ; ni sa fabrication, ni ses placements ne doivent s’accroître.

Si Turin ne peut prétendre à une action circulatoire européenne, encore moins peut-il être considéré comme un organe continental de production et de consommation. Pour le prouver, je rappelle tout d’abord l’axiome d’économie politique par lequel il est établi que la production et la consommation sont proportionnelles, ce qui entraîne, comme conséquence, que si l’une est pauvre ou nulle, l’autre le sera de même. D’où résulte qu’il me suffit de démontrer que la production n’existe pas, ne peut pas exister à Turin.

Qu’elle n’existe pas, les faits et les chiffres le té-