Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/384

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur leur conscience comme un double remords ; ils la laissent seule et sans appui.

Porte ta croix, ô prolétaire ; travaille, travaille ! Donne la riche écume de ton sang pour la mousse amère des boissons frelatées ; donne la fine fleur de ta vie contre la mouture de farine, contre du pain noir ! — L’Enfer est sur la Terre !


Femmes jeunes et jeunes hommes, quand vous êtes amoureux, heureux comme des oiseaux ; quand vous vous pressez poitrine contre poitrine, songez à ces souffrances sans nombre qui suent ou grelottent dans l’isolement : n’en détournez pas vos regards !

Pensez-y souvent au contraire : non pour leur faire l’insulte d’une aumône, mais pour contribuer selon vos forces à la venue du Droit. Pensez-y, apportez votre éloquence, votre style ou votre pierre à la révolution qui les délivrera, qui vous délivrera !

Pensez-y ! Que le bonheur vous fasse chérir la justice ; que votre main bienfaisante et vengeresse se pose dans la leur. Il est si facile d’aimer un peu tout le monde quand on est bien aimé par quelqu’un ici-bas. Personne n’est assuré de fuir le malheur sur terre ; et relever ceux qui souffrent, c’est travailler pour soi.

Jeunes femmes et jeunes hommes, quand vous êtes heureux comme les oiseaux du printemps, songez aux malheureux. L’amour, le jeune amour, celui qui vous enchaîne, c’est la sublime égalité,