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LE LAC D’ANNECY.




Annecy, Juillet 1855.


« L’eau, c’est la Liberté ! »
Jours d’Exil. — 1re Partie.


I


J’ai respiré sous bien des cieux ; j’ai côtoyé bien des rivages, franchi bien des frontières ; j’ai connu beaucoup d’hommes, parlé beaucoup de langues, depuis celle dont les mères bercent leurs nouveaux-nés jusqu’à celle que soupirent les femmes dans le délire d’amour ; j’ai conduit bien des proscrits à leur demeure dernière ; j’ai ri quelquefois, plus souvent j’ai pleuré : toutes les émotions que l’homme peut ressentir ont été miennes. Et je ne sais pas encore ce qu’est le bonheur. Le bonheur dont on parle tant en mangeant, buvant et faisant vie qui dure… je ne le connais point !

Moins je le trouve cependant, et plus je le poursuis. Plus mes forces s’affaissent, plus mes pensées s’élèvent ; plus s’attarde ma santé paresseuse, et plus mon imagination vagabonde s’élance en avant. Plus je me sens plongé dans le gouffre du Désespoir, et plus je me débats, saisis-