Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/402

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météore que je n’ai vu qu’en rêve, je t’ai saisi ; tu m’appartiens ! Magnifique Nature, je veux répondre à tes grands sourires, aux mille voix de tes sublimes harmonies ; je veux chanter avec toi l’hymne des matins et des soirs !

S’il n’est encore trop tard… viens, ô la préférée de mon cœur, entoure ma tête de tes cheveux, attire mon regard jusqu’au fond de tes yeux, fixe-le, garde-le ! Que je ne voie plus ce monde infernal ! Que je ne sente plus ma poitrine oppressée du poids de l’humaine argile ! Que la solitude à deux se fasse dans mon âme !

S’il n’est encore trop tard… conduis-moi sur les bords du lac enchanté. Nous nous coucherons parmi les hautes herbes de la prairie ; tu pencheras sur ma bouche tes lèvres caressantes, tu murmureras un soupir et dira doucement :

« Pourquoi songer toujours ? Pourquoi réveiller, provoquer la pensée torturante ? Pourquoi chercher si loin le bonheur qui nous suit, ô pauvre âme inquiète ? !

» Vois la neige de Juillet dormir sur le granit, comme sur la face d’un pénitent la larme d’extase échappée de ses yeux ! Entends le grillon dans l’herbe, la source des vallées ; suis l’étoile 523 et le soleil dans leur cours qui ne varie point. Tout est heureux au monde. Renais, renais encore !

» Arrive à point qui sait attendre. La Félicité est femme, et la femme n’est point farouche ; celui-là peut l’atteindre qui ne la fatigue point d’irritantes poursuites. Suis la femme qui t’appelle