Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/420

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Oh qui pourrait, Nature, célébrer dignement les mystères et les ressources de ton infinie fécondité ? ! C’est toi qui fais vivre la mousse contre le rocher, l’insecte dans les herbes, et dans le marais, au milieu des eaux grandes, la fauvette bavarde qui construit son nid avec plus d’art que l’hirondelle, et le suspend par des fils, comme un hamac, entre les roseaux agités par l’orage.

Écoutez sa chanson :

» Je laisse au pinson les arbres du verger, au roi de verdure les haies touffues, la vigne en fleurs au linot, au verdier de la prairie, au martinet les ruines du manoir. Moi, j’aime les vapeurs tièdes qui dorment sur les eaux et les soupirs des brises à travers les herbes marines. Je suis l’amie du nageur et du nautonnier ; je les avertis de la présence des écueils, je leur signale l’orage qui va fondre sur eux. Et quand ils ne distinguent plus leur route qu’à la lueur sinistre des éclairs, je pousse des cris de détresse et les dirige, en volant, à la rive prochaine. Oh qu’il m’est doux d’aimer dans mon nid d’algues vertes, quand les éléments font rage autour de moi, quand ils m’oublient dans leurs embrassements terribles, quand ils foudroient le chêne !…

« 535 Gloire à toi, saint Amour ! »


Alors que les Ténèbres couvrent la terre de leur voile de crêpe, que la Rafale insensée fait éclater les cimes flexibles des saules et des peupliers d’Ita-