Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/456

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vous m’empêcher de manifester mon opinion sur vous et vos pareils, sur les gouvernements et les oppositions, sur Napoléon et Robespierre, 557 d’Orléans et Plon-Plomb, Dieu et Diable, Pape et Enfer ? Dites un peu, comment l’empêcherez-vous ?…


Elle est bien utile en vérité, la mesure de vigueur que vous avez prise contre moi ! C’était réellement bien la peine de décacheter des lettres qui sont mon secret, de saisir des livres qui sont ma propriété, de vous exposer une fois de plus à mes pamphlets sanglants, de cracher en l’air pour que cela vous retombât sur le nez ! Vos épaules de pygmées n’ont-elles point une assez lourde charge, pauvres gens auxquels tout un monde qui croule confie la rude tâche de le soutenir ?

Mais mesurez donc la longueur de vos bras, allez essayer la force de vos poings sur les machines des Champs-Élysées, considérez de sang-froid ce que vous pesez dans les destins de l’Europe, et voyez si c’est trop de toutes vos ressources et de toute votre énergie pour faire face quelque mois au colosse du Nord !

Voilà comment ils gaspillent tes finances et tes souscriptions patriotiques, ô bon peuple de France ! Ils font la chasse à de pauvres diables de proscrits et à leurs œuvres, ils payent à boire à des mouchards, à dîner à des reines, à souper à des courtisanes, à téter à des principicules ! Sont-ce