Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/463

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quand ses grands yeux si doux s’ouvrent pour la dernière fois à la lumière du ciel, la biche des forêts ne se relève plus ; elle ne passe plus sous les futaies, fière comme une reine, suivie de ses amants dix-cors ; elle ne conduit plus ses faons à la fontaine. Mais elle meurt du même coup qui l’a blessée. — Tandis que la France vit pour danser et chanter son 562 déshonneur insigne ! Tandis qu’on la voit éhontée comme une femme des halles, parée comme une courtisane, lactive comme une Messaline, recevoir sans pudeur les hommages des artistes et les visites des étrangers ! Tandis qu’elle sacrifie sans remords, dans un duel inégal, la verte jeunesse de ses campagnes ! — Mais quel subtil venin portent-ils donc en leur foie, ces vagabonds sans cœur, qu’ils fassent ainsi mourir les nations les plus renommées sous leurs baisers infâmes ? ! Oh malheur à la femme qui se rend, après deux refus, à l’opiniâtre violence du ravisseur ! Il lui fera payer cher ses mépris passés. Malheur à la France déflorée par Napoléon-le-Pirate ! rien ne lavera sa souillure éternelle.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

La Curée ! La Curée ! les victimes du jour râlent pêle-mêle sous les pieds des chevaux, membres écartelés, cheveux épars, poitrines trouées de balles, bouches et narines sanglantes, et crânes ouverts. Les limiers baffrent à plein museau dans un tas de cadavres. Une fois dans sa vie, l’agent de police se déclare saoul de chair humaine.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.