Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/55

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terre, comme l’amant jaloux, les larmes de la femme outragée. C’est le déclin du jour. L’oiseau noir va chercher la nourriture pour ses enfants et revient de tout son vol auprès de la mansarde. Avant de s’endormir, il y jette un regard.

La petite fille est couchée. Marina serre son travail, allume la lampe confidente des transports de tendresse et dépose une couronne de roses autour du portrait aimé. Puis elle tire les rideaux discrets ; c’est l’heure du rendez-vous !

L’oiseau prophète replie sous son aile sa tête fatiguée et s’endort d’un mauvais sommeil. Les roses humides versent des pleurs. Épouvanté, l’enfant s’éveille ; il voit du sang sur son berceau…


Tout entière aux joies de l’attente, Marina rassure l’enfant, essuie les pleurs des roses tombées sur ses mains ; son âme se refuse aux appréhensions sinistres. Cependant la Nuit indulgente aux amours est tombée depuis longtemps, et le bien-aimé ne vient pas !

Pourquoi tarde-t-il ainsi ? Qui peut le retenir ? Serait-il en danger ? Aurait-il en ce monde une affection plus chère que sa Marina ? Elle, femme timide, elle irait le chercher aux limites du ciel, à travers mille morts. Et lui ne paraît point !


… Des pas résonnent dans l’escalier sonore… Il vient, il vient ! Elle écoute… Non, les pas s’arrêtent à l’étage inférieur… — Elle entend une voix mâle… C’est bien lui cette fois… Elle se penche