Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/89

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venant : les morts reviennent ! Il ne dira plus à l’individu : « Rends à César ce qui appartient à César, à Dieu ce qui est à Dieu ; rends à l’Exploiteur ce qui est à l’Exploiteur. »

Mais il lui dira : « Prends ce qui te revient, mon frère, partout où tu le trouveras. Et que tes semblables en prennent autant, afin que l’Équité soit rétablie dans le monde. Et que chacun ensuite fasse respecter son Droit, afin que personne ne soit plus dans l’obligation de fléchir sous la loi du Devoir. Car le mot Devoir exprime une contrainte, une souffrance, la lutte contre tout ce qui est plus fort que nous. Homme libre ! tu ne reconnaîtras de plus fort que toi rien, rien que l’Univers. Et rassemblant toutes les ressources de ta force et de ton esprit, tu te mesureras avec lui, tu le vaincras. Réduit à ces termes, le Devoir n’est plus un principe permanent ; c’est une contrainte passagère dont l’objet varie suivant les temps et les lieux. Tandis que le Devoir des âges passés, c’était le mot d’ordre des tyrannies éternelles, c’était la sanction de l’Esclavage, de la Misère et de l’Immobilité. »

…… Il dira encore, le revenant : « Ton domaine, fils des hommes, est de tout siècle et de tout lieu jusqu’à la transformation de ta race. Tu peux le resserrer ou l’agrandir à la mesure de tes craintes ou de ton énergie. Le fond des Océans, la voûte des cieux, Continents sous-marins, Mondes étoilés, Création, Dieu, tout cela t’appartiendra le jour où tu ne trembleras plus en y portant la