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ANALYSE DE LA CRITIQUE


ractère et la valeur d’une véritable connaissance, et c’est précisément dans cette unité objective que réside le principe de la forme logique de tous les jugements.

Maintenant, comme cette forme générale se subdivise en un certain nombre de formes particulières, qui représentent les diverses fonctions logiques du jugement et auxquelles correspondent autant de catégories dans l’entendement, il suit de là que les intuitions qui nous sont données par nos sens ne peuvent devenir pour nous des connaissances qu’à la condition d’être soumises à ces catégories (v. p. 171). Le rôle des catégories est précisément de donner à la matière de la connaissance, à l’intuition, fournie par les sens, la forme dont elle a besoin pour devenir une connaissance.

Que les catégories n’ont d’autre usage que de s’appliquer aux intuitions sensibles et de leur donner la forme d’une véritable connaissance.

Il faut même ajouter, — et ceci est un des résultats fondamentaux de la critique kantienne, — qu’elles n’ont pas d’autre usage. Otez les intuitions sensibles, elles ne sont plus que des formes vides qui, ne s’appliquant plus à rien, ne sauraient déterminer aucune connaissance. Cela revient à dire qu’elles ne servent qu’à rendre possible la connaissance empirique ou ce qu’on nomme d’un seul mot l’expérience, A la vérité, les intuitions sensibles ont elles-mêmes une forme pure (l’espace et le temps) qui donne lieu à des connaissances à priori, comme les mathématiques ; mais les concepts mathématiques eux-mêmes ne deviennent des connaissances qu’autant qu’on suppose qu’il y a des choses qui ne peuvent être représentées que suivant cette forme, ou qu’autant qu’on les applique à des intuitions empiriques. Il reste donc vrai de dire en général que les catégories n’ont, dans la connaissance des choses, d’autre usage que de s’appliquer à des objets d’expérience, réelle ou possible.

Kant insiste sur l’importance de la proposition précédente : elle détermine les limites et l’usage des concepts purs de l’entendement. On pourrait être tenté de croire que ces concepts, par cela seul qu’ils ont leur source dans l’entendement, doivent s’étendre à toute espèce d’objets en général ; mais ils n’ont de sens et de valeur que par rapport aux objets de notre intuition sensible ; en dehors de cette application, ce ne sont plus que de pures formes de la pensée, dépourvues de toute réalité {v. p. 175), Essayez de concevoir un objet. Dieu par exemple, en dehors des conditions de notre intuition sensible, vous direz