Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/186

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blait non pas une extinction, mais la seule vraie vie[1]. »

Dans l’Ancien Sage[2], nous retrouvons la même pensée mais exprimée sous une forme plus poétique :

« Plus d’une fois, quand j’étais assis tout seul, méditant en moi-même le mot qui est le symbole de ma personne, les limites mortelles du MOI se détendirent et passèrent dans l’Innommable, comme un nuage fond dans le ciel. Je touchais mes membres et mes membres m’étaient étrangers, ne m’appartenaient plus ; et cependant, aucune ombre de doute, mais une clarté absolue ; et par la perte du Moi, le gain d’une vie si large, qu’auprès de la nôtre elle était le soleil comparé à l’étincelle ; une telle chose ne peut s’exprimer par des paroles, qui ne sont elles-mêmes qu’ombre dans le monde des ombres. »

Un de ses personnages, en qui le poète a peut-être voulu s’incarner, éprouve des impressions pareilles :

« Souvent les visions viennent de telle sorte que cette terre sur laquelle il marche cesse d’être la terre, cette lumière qui frappe ses yeux n’est plus la lumière, cet air qui effleure son front n’est plus

  1. Memoir, 268 ; cf. 551 et 815.
  2. P. 551.