Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/140

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sentir : et dans cet admirable enchaînement des phénomènes qui constituent son existence, chaque besoin tient au développement de quelque faculté ; chaque faculté, par son développement même, satisfait à quelque besoin ; et les facultés s’accroissent par l’exercice, comme les besoins s’étendent avec la facilité de les satisfaire[1]. De l’action continuelle des corps extérieurs sur les sens de l’homme, résulte donc la partie la plus remarquable de son existence. Mais est-il vrai que les centres nerveux ne reçoivent et ne combinent que les impressions qui leur arrivent de ces corps ? Est-il vrai qu’il ne se forme d’image ou d’idée[2] dans le cerveau, et qu’aucune détermination n’ait lieu de la part de l’organe sensitif, qu’en vertu de ces mêmes

  1. Notre collègue Sieyes, dans sa Déclaration des Droits, l’un des meilleurs morceaux d’analyse qui existent dans aucune langue, distingue avec raison les deux principes des besoins et des facultés, qui lui fournissent la base des premiers rapports sociaux. En effet, ils sont et doivent rester distincts pour le moraliste : ce n’est qu’aux yeux du physiologiste, qu’ils se confondent à leur source.
  2. Idée vient, comme on sait, du grec εἰδος, ressemblance, simulacre.