Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/154

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mettre facilement en état de reconnoître encore ici les lois de la nature, et de les exposer avec exactitude et évidence.

Quelques faits généraux me paroissent résoudre la question.

Il est notoire que dans certaines dispositions des organes internes, et notamment des viscères du bas-ventre, on est plus, ou moins capable de sentir ou de penser. Les maladies qui s’y forment, changent, troublent et quelquefois intervertissent entièrement l’ordre habituel des sentimens et des idées. Des appétits extraordinaires et bizarres se développent ; des images inconnues assiégent l’esprit ; des affections nouvelles s’emparent de notre volonté : et, ce qu’il y a peut-être de plus remarquable, c’est que souvent alors l’esprit peut acquérir plus d’élévation, d’énergie, d’éclat, et l’âme se nourrir d’affections plus touchantes, ou mieux dirigées. Ainsi donc, les idées riantes ou sombres, les sentimens doux ou funestes, tiennent alors directement à la manière dont certains viscères abdominaux exercent leurs fonctions respectives ; c’est-à-dire, à la manière dont ils reçoivent les impressions : car nous avons vu que les unes dépendent toujours des