Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/157

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alors en lui, présentent des caractères plus remarquables, modifient plus profondément toute son existence. Comme l’imagination est sa faculté dominante, comme elle exerce une puissante réaction sur les organes qui lui fournissent ces tableaux, l’homme est celui de tous les êtres vivans connus, dont la puberté peut être le plus accélérée par des excitations vicieuses, et son cours ordinaire le plus interverti par toutes les circonstances extérieures qui font prendre de fausses routes à l’imagination. Ainsi, dans les mauvaises mœurs des villes, on ne donne pas à la puberté le temps de paroître ; on la devance : et ses effets se confondent d’ordinaire avec l’habitude précoce du libertinage. Dans le sein des familles pieuses et sévères, où l’on dirige l’imagination des enfans vers les idées religieuses, on voit souvent chez eux la mélancolie amoureuse de la puberté se confondre avec la mélancolie ascétique : et pour l’ordinaire aussi, elles acquièrent l’une et l’autre, dans ce mélange, un degré considérable de force ; quelquefois même elles produisent les plus funestes explosions, et laissent après elles des traces ineffaçables.

Mais lorsqu’on permet à la nature de suivre