Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/169

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d’une sensibilité toujours croissante. On a conservé des enfans nés avant terme, en imitant le procédé de la nature : c’est-à-dire, en les tenant sur des couches mollettes, au milieu d’une température égale à celle du corps humain ; en les environnant d’une vapeur humide, et leur faisant sucer de temps en temps quelques gouttes d’un fluide gélatineux. Ceux qu’on a conservés de cette manière, sont restés dans une sorte d’assoupissement jusqu’au neuvième mois ; et ce n’est pas sans admiration qu’on les a vus alors s’agiter avec force, comme s’il eût été véritablement question pour eux de naître. Leur respiration, pendant tout le temps de cette gestation artificielle, avoit été presque insensible : ce n’est qu’à l’époque de leur réveil, ou de leur nouvelle naissance, qu’ils ont commencé de respirer pleinement à la manière des animaux à sang chaud. Nous en avons un exemple célèbre dans Fortunio Liceti, savant recommandable du seizième siècle, qui vint au monde à l’ âge de cinq mois, et que son père, médecin de réputation, conserva par les soins les plus minutieux[1].

  1. Licéti vécut ensuite plus de quatre-vingts ans.