Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/245

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quand les impressions sont trop vives, trop rapides, trop multipliées. Nous savons, à n’en pouvoir douter, que l’épuisement qui suit les plaisirs de l’amour, dépend bien moins des pertes matérielles qui les accompagnent, que des impressions voluptueuses qui leur sont propres. D’autres émotions de plusieurs genres laissent également après elles, lorsqu’elles sont vives ou profondes, un sentiment durable de fatigue dans tout l’organe nerveux : et les efforts de l’imagination, ou de la méditation, qui consistent, les uns à recevoir et reproduire, les autres à reproduire et comparer les impressions, en l’absence des objets, ne causent pas une moindre lassitude que les plaisirs les plus énervans, ou les travaux manuels les plus pénibles. C’est là principalement ce qui rend le sommeil nécessaire ; car il faut sur-tout interrompre les sensations : c’est là ce qui le rend plus nécessaire encore peut-être aux penseurs, aux hommes dont le moral est très-développé, qu’aux hommes de peine, dont les muscles fatigués ont, il est vrai, besoin de tranquillité, mais qui, sentant moins et pensant peu, ne s’épuisent point, comme les premiers, par le seul effet de la veille. Les femmes, qui