Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/250

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qui seroient, dans l’état naturel, capables de déchirer tous leurs muscles ; ce qui, pour le redire en passant, établit une bien grande différence entre les forces mécaniques de la fibre musculaire, et les divers degrés des forces vivantes qui l’animent. C’est encore ainsi que, dans toutes les passions énergiques, chaque homme trouve en lui-même une vigueur qu’il ne soupçonnoit pas, et devient capable d’exécuter des mouvemens dont l’idée seule l’eût effrayé dans des temps plus calmes. Et l’on ne peut pas dire qu’on ne fait alors que reconnoître en soi, que mettre en action, des forces existantes, mais assoupies : les observations générales que je viens d’indiquer, prouvent qu’il se produit alors véritablement de nouvelles forces, par la manière nouvelle dont le système nerveux est affecté. Je fais, au reste, ici, comme il est aisé de le voir, abstraction des dérangemens que les émotions profondes peuvent occasionner dans les fonctions des organes réparateurs ; dérangemens qui, par parenthèse, ne détruisent pas toujours, à beaucoup près, les forces musculaires, ou la cause immédiate des mouvemens.

Mais nous devons également tenir compte