Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/266

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ment excitée : il s’y forme des gonflemens momentanés, ou de nouvelles enveloppes, en quelque sorte, artificielles, qui masquent de plus en plus, les extrémités des nerfs ; et souvent la sensibilité même s’altère et s’use alors immédiatement. Ainsi la conservation de la finesse des sens, et leur perfectionnement progressif exigent que les impressions n’aillent pas au-delà des limites naturelles de la faculté de sentir ; comme il faut, en même temps, qu’elles l’exercent toute entière pour qu’ils ne s’engourdissent pas.

Par la nature même de leurs fonctions, les extrémités sentantes des nerfs du tact sont exposées à l’action, trop souvent mal graduée, des corps extérieurs. C’est le sens qui reçoit d’ordinaire le plus d’impressions capables de le rendre obtus et calleux. Souvent, l’intérieur des mains et le bout des doigts, ses organes plus particuliers, se recouvrent, dans les différens travaux, d’un cuir épais et dur, qui forme des espèces de gants naturels. Il en est de même des pieds, où la distribution des nerfs, et leurs épanouissemens en extrémités mamelonnées, sont exactement semblables à ceux des mains : ce qui, pour le dire en passant, contrarie un