Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaque impression particulière, d’y revenir cent et cent fois, de la résoudre dans ses élémens, de la recomposer, de la comparer avec les autres impressions du même genre ; en un mot, d’analyser avec la plus grande circonspection.

C’est là, ce qui donne à l’ouïe, cette justesse, et à ses souvenirs cette persistance et cette netteté qui leur sont particulières. Mais l’on voit que, du moins sous ce rapport, l’artifice de ses sensations et de sa mémoire, est fondé sur une lente culture : leurs plus simples résultats supposent le long exercice d’une attention commandée.

Une autre circonstance, qui tient de plus près aux lois directes de la nature, paroît influer, non pas au même degré, mais cependant beaucoup, sur les qualités de l’ouïe : c’est le caractère rhythmique et mesuré que peuvent avoir, et qu’ont fréquemment en effet, ses impressions. Par cette puissance de l’habitude dont il a déjà été question ci-dessus, la nature se plaît aux retours périodiques ; elle aime à trouver et à saisir des rapports réguliers, non-seulement entre les impressions, mais sur-tout entre les divers espaces de temps qui les séparent : et les