Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/332

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aussi le moment où l’imagination exerce le plus d’empire : c’est l’ âge de toutes les idées romanesques, de toutes les illusions ; illusions qu’il faut bien se garder, sans doute, d’exciter et de nourrir par art, mais qu’une fausse philosophie peut seule vouloir dissiper entièrement, sans choix et tout-à-coup. Alors, toutes les affections aimantes se transforment si facilement en religion, en culte ! On adore les puissances invisibles, comme sa maîtresse ; peut-être uniquement parce qu’on adore, ou qu’on a besoin d’adorer une maîtresse ; parce que tout remue des fibres devenues extrêmement sensibles, et que cet insatiable besoin de sentir dont on est tourmenté, ne peut toujours se satisfaire suffisament sur des objets réels. De-là, non seulement résultent beaucoup de jouissances et de bonheur pour le moment ; mais naissent et se développent la plupart de ces dispositions sympathiques et bienveillantes, qui seules assurent le bonheur futur, et des individus qui les éprouvent, et de ceux qui, dans la vie, doivent faire route commune avec eux.

Je n’ai pas besoin d’ajouter que l’âge où l’on sent le plus, où l’imagination jouit de