Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/358

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même de la maladie, et où la vie, avant de s’éteindre, paraît concentrer toute son influence sur cet organe, l’esprit acquiert une énergie et une élévation, les sentimens de courage et d’enthousiasme prennent un ascendant, dont l’effet est de donner à cette dernière scène quelque chose de surnaturel aux yeux des assistans émus.

Les fièvres lentes phthisiques semblent spécialement propres à la jeunesse : or, on sait qu’elles sont assez ordinairement accompagnées d’un sentiment habituel de bien-être et d’espérance. Les malades marchent à la mort sans la craindre, souvent sans la prévoir : ils expirent en faisant de longs projets de vie, et se berçant des plus douces illusions.

Les maladies lentes, hypocondriaques et mélancoliques, les passions ambitieuses, tristes et personnelles appartiennent à l’âge mûr : il paroît aussi que c’est l’époque où, généralement parlant, on meurt avec le moins de résignation. L’effet le plus fâcheux, sans doute, des affections hypocondriaques, est de causer une terreur invincible de la mort, de multiplier, pour ainsi dire, cet événement inévitable, en présentant sans