Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/400

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Les partisans des causes finales[1] ne trouvent nulle part, d’aussi forts argumens en faveur de leur manière de considérer la nature, que dans les lois qui président, et dans les circonstances de tout genre qui concourent à la reproduction des races vivantes. Nulle part, les moyens employés ne paroissent si clairement relatifs à la fin. Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que si les moyens n’avoient ici résulté nécessairement des lois générales, les races n’auroient fait que passer ; dès long-temps, elles n’existeroient plus.

Dans l’état d’isolement, l’homme est l’être le plus foible, le plus incapable de se défendre contre les intempéries des saisons, contre les attaques des autres animaux, contre la faim et la soif ; en un mot, le plus incapable de pourvoir complètement à ses premiers besoins. Il ne peut guère se conserver, et sur-tout se reproduire, que dans la vie sociale. La longueur de son enfance exige une continuité de soins assidus, qui supposent au moins la société du père et de

  1. Je regarde, avec le grand Bacon, la philosophie des causes finales comme stérile : mais j’ai reconnu ailleurs, qu’il étoit bien difficile à l’homme le plus réservé, de n’y avoir jamais recours dans ses explications.