Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/401

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la mère : ces soins eux seuls la nécessiteroient sans doute, si, par une impulsion antérieure, par des besoins plus personnels et plus directs, cette société ne se trouvoit déjà formée. Mais ici, tout tient à des directions primitives, indépendantes de la raison et de la volonté des individus : tout se lie, se coordonne, et ne tend pas moins à leur plus grand bien-être, qu’à la perpétuation paisible et sûre de l’espèce.

Pour l’accomplissement de ce dernier but, comme l’a très-bien fait voir Rousseau, l’homme doit attaquer ; la femme doit se défendre. L’homme doit choisir les momens où le besoin de l’attaque se fait sentir, où ce besoin même en assure le succès : la femme doit choisir ceux où il lui est le plus avantageux de se rendre ; elle doit savoir céder à propos à la violence de l’aggresseur, après l’avoir adoucie par le caractère même de la résistance ; donner le plus de prix possible à sa défaite ; se faire un mérite de ce qu’elle-même n’a pas désiré moins vivement peut-être d’accorder, que lui d’obtenir ; elle doit enfin savoir trouver, dans la sage et douce direction de leurs plaisirs mutuels, le moyen de s’assurer un appui, un défenseur.