Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/520

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étoit lui-même plus fameux par son courage que par son esprit ; et les poètes comiques s’étaient permis, plus d’une fois, de lui prêter ce qu’on appelle vulgairement des balourdises, et de faire rire le peuple à ses dépens.

Hippocrate observe que le dernier degré de force athlétique touche de près à la maladie : il en donne une bonne raison. L’état du corps change, dit-il, à chaque instant ; et lorsqu’il est parvenu au dernier terme du bien, il ne peut plus changer qu’en mal. Mais cette raison n’est pas la seule ; elle n’est même peut-être pas la meilleure. Les hommes dont la sensibilité physique est émoussée par une grande force, s’apperçoivent plus tard des dérangemens de leur santé : avant qu’ils y donnent quelqu’attention, la maladie a déjà fait des progrès considérables. D’ailleurs, ces corps, si vigoureux pour l’exécution des mouvemens, paroissent n’avoir, en quelque sorte, qu’une force mécanique : la véritable énergie, l’énergie radicale du système nerveux, se rencontre bien plutôt dans des corps grèles et foibles en apparence. La plus légère indisposition suffit souvent pour abattre les portefaix et les hommes de peine. Ils