Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/523

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ou d’organiser et de vivifier par de nouvelles combinaisons. Entraînés dans une action violente et continuelle, qui presque toujours devance la réflexion, et qui souvent la rend impossible, nous obéissons alors à des impulsions, dépourvues quelquefois même des lumières de l’instinct[1]. Enfin, ce mouvement excessif et continuel, qui, dans le cas supposé, peut seul faire sentir l’existence, devient alors de plus en plus nécessaire, comme l’abus des liqueurs fortes, quand on a pris l’habitude de ces sensations vives et factices qu’elles procurent[2].

Car la vie individuelle est dans les sensations : il faut absolument, en général, que l’homme sente pour vivre. Sentir est donc son premier besoin. Or, cet homme, en particulier, dont il est question maintenant, ne sent, pour ainsi dire, que lorsqu’il se meut. Sa sensibilité hors de-là, est extrêmement obscure, incertaine, languissante. Privé, en

  1. Il est vrai que ces impulsions se rapportent à des objets qui ne sont pas du domaine de l’instinct.
  2. Observez que les plus désordonnés buveurs appartiennent, pour l’ordinaire, au tempérament dont nous peignons ici les traits principaux.