Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/547

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maladie exerce véritablement une influence sur les idées et sur les passions, la chose ne seroit pas difficile sans doute : il suffiroit pour cela, des faits les plus familiers et les plus connus. Nous voyons, par exemple, tous les jours, l’inflammation aiguë, ou lente du cerveau, certaines dispositions organiques de l’estomac, les affections du diaphragme et de toute la région épigastrique, produire, soit la frénésie, ou le délire furieux ou passager, soit la manie, ou la folie durable : et l’on sait que ces maladies se guérissent par certains remèdes capables d’en combattre directement la cause physique.

Ce n’est pas uniquement la nature, ou l’ordre des idées qui change dans les différens délires : les goûts, les penchans, les affections changent encore en même temps. Et comment cela pourroit-il ne pas être ? Les volontés et les déterminations dépendent de certains jugemens antérieurs dont on a plus, ou moins la conscience, ou d’impressions organiques directes : quand les jugemens sont altérés, quand les impressions sont autres, ces volontés et ces déterminations pourroient-elles rester encore les mêmes ? Dans d’autres cas, où les sensations