Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/584

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cœur, occasionne dans toute la région précordiale, donne un sentiment de tristesse et d’anxiété. Le cerveau tombe dans la langueur ; il combine à peine les impressions les plus habituelles et les plus directes[1] : l’âme paroît être dans un état d’insensibilité. Mais, à mesure que l’accès de chaud s’établit, les extrémités nerveuses sortent de leur engourdissement : les sensations renaissent et se multiplient ; elles peuvent même alors devenir fatigantes et confuses par leur nombre et par leur vivacité. En même temps, tous les foyers nerveux, et notamment le centre cérébral, acquièrent une activité surabondante. De-là, cette espèce d’ivresse, ce désordre des idées, ces délires qui prennent différentes teintes, à raison des organes originairement affectés, et des humeurs viciées qui séjournent dans les premières voies, ou qui roulent dans les vaisseaux. L’exercice d’une plus grande force, et le renvoi plus énergique du sang vers la

  1. J’ai moi-même éprouvé que dans cet état, le cercle des intérêts et des idées se resserre extrêmement : mes facultés intellectuelles et morales étoient réduites presque uniquement, à l’instinct animal.