Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/592

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troublent, ou gênent leurs fonctions. Ce sont donc ces affections maladives antérieures, et non les maladies secondaires qu’elles produisent, auxquelles on doit, en ce cas, rapporter presque tous les phénomènes, ceux spécialement qui paroissent avoir le plus de fixité. Ainsi, par exemple, la profonde mélancolie, les idées funestes, les passions malheureuses, qui fréquemment accompagnent la fièvre quarte, sont une suite des dispositions primitives du sujet, ou des obstructions formées dans les viscères hypocondriaques : elles ne tiennent point proprement aux accès même de la fièvre ; et comme chaque accès tend presque toujours à dissiper leur cause, il arrive assez fréquemment que les phénomènes physiques, ou moraux, s’affaiblissent par degrés et de plus en plus, à mesure que la chaîne des mouvemens se prolonge. J’ai vu chez un homme, dont toutes les habitudes étoient mélancoliques au dernier point, des accès de fièvre quarte opiniâtre produire un changement complet d’humeur, de goûts, d’idées et même d’opinions. Du plus morne de tous les êtres qu’il avoit été jusqu’alors, il devint vif, gai, presque folâtre : sa sévérité naturelle fit place