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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


le froid excessif, les rames nous tombèrent des mains, et un autre coup de mer nous fit chavirer. Le contrôleur et deux autres se cramponnèrent à l’embarcation afin de se sauver ; mais tout le contraire arriva : elle se renversa sur eux, et ils se noyèrent. La côte était très-mauvaise, une seule lame jeta sur le rivage, au milieu des vagues et à demi mortes les autres personnes qui la montaient ; il n’y eut de noyés que les trois hommes qui n’avaient pas quitté la barque. Nous tous qui survécûmes, nous nous trouvâmes entièrement nus, comme le jour que nous vînmes au monde. Nous avions perdu tout ce que nous possédions ; ce n’était pas, il est vrai d’une grande valeur, mais dans la position où nous étions nous en faisions le plus grand cas. C’était au mois de novembre, un froid des plus rigoureux se faisait sentir, et nous étions si maigres qu’on aurait très-facilement compté nos os : nous ressemblions à des squelettes. Quant à moi, depuis le mois