Page:Cabeza de Vaca - Relation et Naufrages, trad. Ternaux-Compans, Arthus Bertrand, 1837.pdf/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
96
relation


de mai, je n’avais vécu que de maïs rôti, souvent même j’avais été obligé de le manger cru, et, bien que nous eussions tué des chevaux, il y avait tant de monde occupé à faire les barques, que jamais je ne pus en avoir : je ne mangeai pas dix fois du poisson. Je dis cela afin d’éviter les longueurs, et pour que chacun s’imagine dans quel état nous étions. Il s’était donc élevé un vent du nord, et nous étions plus près de la mort que de la vie, lorsque Dieu daigna permettre qu’en recherchant les tisons des feux que nous avions faits avant de nous embarquer, nous trouvassions encore quelques étincelles avec lesquelles nous allumâmes de grands brasiers : nous nous reposâmes à l’entour en implorant la miséricorde du Seigneur et le pardon de nos péchés. Nous versâmes d’abondantes larmes ; non-seulement sur notre sort particulier, mais sur celui de tous les autres que nous voyions autour de nous. Au coucher du soleil, les Indiens croyant que nous