Page:Cafiero - Anarchie et Communisme, paru dans Le Révolté, 13 novembre 1880.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa volonté, sans réclamer des individus plus de travail qu’ils ne voudront en donner ?

Nous répondons : oui. Certainement, on pourra appliquer ce principe : De chacun et à chacun suivant sa volonté, parce que, dans la société future, la production sera si abondante qu’il n’y aura nul besoin de limiter la consommation, ni de réclamer des hommes plus d’ouvrage qu’ils ne pourront ou ne voudront en donner.

Cette immense augmentation de production, dont on ne saurait même aujourd’hui se faire une juste idée, peut se deviner par l’examen des causes qui la provoqueront. Ces causes peuvent se réduire à trois principales :

1o L’harmonie de la coopération dans les diverses branches de l’activité humaine, substituée à la lutte actuelle qui se traduit dans la concurrence ;

2o L’introduction sur une immense échelle des machines de toutes sortes ;

3o L’économie considérable des forces du travail, des instruments de travail et des matières premières, réalisée par la suppression de la production nuisible ou inutile.

La concurrence, la lutte, est un des principes fondamentaux de la production capitaliste qui a pour devise : Mors tua vita mea ; ta mort est ma vie. La ruine de l’un fait la fortune de l’autre. Et cette lutte acharnée se fait de nation à nation, de région à région, d’individu à individu, entre travailleurs aussi bien qu’entre capitalistes. C’est une guerre au couteau, un combat sous toutes les formes : corps à corps, par bandes, par escouades, par régiments, par corps d’armée. Un ouvrier trouve de l’ouvrage