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LANGLOIS TEL QU’ON LE PARLE


d’un peu forcées, c’est possible ; mais ce n’est pas ici le lieu d’exposer quelques scrupules sur des détails sans gravité. Il vaut mieux constater, pour finir, le plaisir sans mélange que donne, d’un bout à l’autre, le style simple, discret, fort et plein qui contribue à faire de M. Babut un des meilleurs historiens de la génération nouvelle.

Ch.-V. Langlois.


On voit que M. Langlois sait louer. Ce serait une erreur de croire que M. Langlois ne sait pas louer. M. Langlois n’est pas toujours revêche. Je ne sais si le Babut dont il parle ici est celui que nous avons connu à l’École Normale. Celui que nous avons connu à l’École Normale était un grand oiseau sérieux, moraliste, binoculaire. Rien n’est secrètement roué comme ces raides. Celui-ci était déjà un grand protecteur. Celui-ci a démontré clair comme le jour que saint Martin était une sorte de douteux et de détestable paltoquet. Heureusement encore que M. Babut ne nous a pas démontré que saint Martin n’avait pas existé. Cette démonstration eût été tout aussi facile. Mais, moins raffinée, elle eût peut-être moins emporté le suffrage de M. Langlois. Le travail, on le sait, consiste à démontrer que les héros et les saints n’existent pas. Si j’avais démontré que Jeanne d’Arc est une gourgandine, M. Langlois trouverait que je suis un grand écrivain.


Charles Péguy