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les tapisseries



Vous n’avez plus connu cet auguste festin,
Et la sève et le sang plus purs qu’une rosée.
La jeune âme avait mis sa robe d’épousée,
Et la terre fleurait la lavande et le thym.

Et le jeune homme corps était alors si chaste
Que le regard de l’homme était un lac profond.
Et le bonheur de l’homme était alors si vaste
Que la bonté de l’homme était un puits sans fond.

Vous n’avez plus connu l’innocence du monde
Et les greniers bondés jusque sur le portail.
Vous n’avez plus connu cette race féconde
Et les prés débordant d’un immense bétail.

Vous n’avez plus connu qu’un sévère destin.
Vous n’avez plus connu la terre reposée.
Vous n’avez plus connu qu’un amour clandestin.
Vous n’avez plus connu la terre déposée.

Vous n’avez plus connu les blés inépuisables
Et les gerbes montant à l’assaut des greniers.
Vous n’avez plus connu les vignes inlassables
Et les grappes montant à l’assaut des paniers.

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