Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/421

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plus que par milliers. Là sont enfouis les quinze siècles de la Ville, toutes ces myriades de pauvres gens, qui ont bien ri, eux aussi, on ne sait plus quand. Et s’ils avaient des yeux encore, ils verraient leurs enfants, cette foule qu’ils portent, qui les a quittés pour se mettre à table, pour dormir tout à l’heure et pour se caresser d’amour, jusqu’à demain, où ce sera leur tour d’être couchés là-dessous, tout servis à la table des vers, bien accotés les uns aux autres, tête à tête et riant de terreur ou de mortel dépit.

Ils sont sortis du cimetière, pour quelques jours ou quelques saisons, ne pensant pas à la longue visite, qu’on fait les pieds devant. Mais lui, le mauvais garçon, le pauvre écolier, François Villon demeure. Le Charnier des Innocents est son oratoire, sa taverne de sagesse, son Louvre, sa grand salle de réunion. Les tombes fraîches se pressent sous ses pas,