Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/497

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à Beethoven l’a mal servi. C’est la moindre partie de son œuvre, la seule où il enfle la voix, où il déclame. Ailleurs, on lui sent la foi, autant ou peut-être plus qu’il ne l’a ; ici, où il est si fidèle, il paraît moins croire à ce qu’il aime, que préoccupé de l’étude. Décidément, il faut laisser Beethoven tranquille. N’est-il pas bien temps qu’on en donne le conseil aux peintres et aux statuaires ? Beethoven prête trop à l’anecdote, et à l’éloquence, cette anecdote de l’Apocalypse. Il n’est pas plastique. On veut faire un lion : et l’on n’a qu’un vieux chat malade. Certain sublime intérieur, qui ne s’accorde aucunement avec la taille et les allures de l’homme, mène droit à la caricature ; et le héros est peint aux couleurs de sa propre parodie. Non, ce matou aux sourcils éternellement froncés, qui crache sans fin une arête qu’il ne peut digérer, ces joues maigres, ce front qui n’est pas un front, mais une coupole de lauriers, non, je ne reconnais pas le roi solitaire et familier de la musique au désert. Ce n’est pas le maître des Quatuors dans sa chambre, mais le fauve ébouriffé des chefs d’orchestre allemands ; car il n’en est pas un qui ne se fasse