Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les tapisseries



Vous qui savez plier un auguste remords
Comme on plie un linceul aux rayons de l’armoire.
Vous qui savez compter les vivants et les morts
Et ranger tout un peuple aux rayons de mémoire.

Vous qui savez connaître une herbe mensongère
Et qui la bannissez du savant pot-au-feu ;
Ô femmes qui pouvez dans le plus cruel jeu
Tricher d’un cœur tranquille et d’une main légère.

Vous qui savez ranger les herbes bocagères
Et mettre sous vos lois la bruyère et l’ajonc.
Vous qui savez tresser et la paille et le jonc
Pour le recueillement des plantes maraîchères.

Vous qui savez compter comme un bien périssable
La grappe suspendue au fronton de la treille.
Vous qui perdez de vue et le fleuve et le sable
Et ne connaissez plus qu’une pauvre corbeille.

Vous qui savez compter dans le nombre des fleurs
La rose suspendue au cerceau du rosier.
Vous qui savez compter dans le nombre des pleurs
Une enfant suspendue en un berceau d’osier.

60