sistant et lâche, incapable de foi véritable, et qui prend les élans d’une sensibilité et d’une tendresse vaguement humanitaires pour de la religion ; le christianisme latent de Proudhon, c’eat le christianisme pris à la lettre, dans toute la rigueur de sa conception, sans atténuation ni adaptation efféminée aux prétendues exigences du prétendu esprit moderne ; c’est le christianisme classique, tel que Pascal et Bossuet l’entendaient et le pratiquaient ; un christianisme d’allure toute française, où la profondeur du sentiment mystique s’allie à l’inflexibilité d’une raison intraitable et suprêmement exigeante ; un christianisme ancienne France, le christianisme de cette France très chrétienne, qui, dit Proudhon quelque part, devait devenir, tout naturellement, la France très révolutionnaire ; et, en vérité, nul auteur ne donne mieux l’impression de cette filiation toute naturelle que, précisément, Proudhon lui-même.
Pierre-Joseph Proudhon paysan franc-comtois petit-fils de ce Tournesi, qui fait des niches à son curé, mais n’est pas voltairien : c’est l’anticléricalisme classique du paysan français, à l’esprit frondeur et ennemi-né du « gouvernement des curés » ; ce n’est pas l’anticléricalisme épais, niais et bourgeois du pharmacien Homais, cet anticuré, aussi stupide que Bournisien lui-même ; c’est l’anticléricalisme des soldats des guerres de la Révolution et de l’Empire, ces modernes païens, comme les a appelés Macaulay, peu amis, certes, des « capucinades » et des « moineries » et volontiers gouailleurs vis-à-vis des choses et des gens d’Église ; mais que les âmes pieuses ne s’alarment pas trop vite des intempérances de langage de ces mécréants : ces héros, qui jouent si simplement leur vie temporelle, et qui semblent ne rien respecter — ces héros ont une âme proche parente de