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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 1, 1912.djvu/25

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un réquisitoire, le réquisitoire, il le dit lui-même, du paysan du Danube ; et voyez quel éloge il fait de Virgile, le grand poète rural, et dans Virgile, des Géorgiques le grand poème de la vie rurale ; Pierre-Joseph Proudhon, qui déteste précisément le christianisme en tant que manifestation urbaine, en tant que religion abstraite de gens qui vivent trop loin de la nature, trop loin de la terre et dont le cerveau est par suite la proie désignée de toutes sortes de nuées et de dilettantismes morbides et ramollissants. Mais le christianisme est-il nécessairement urbain, pourra-t-on se demander ? N’y a-t-il pas, dans le christianisme, deux courants, l’un plus bourgeois, plus urbain et abstrait, tendant éternellement au protestantisme, et l’autre, plus rural, plus paysan et plus concret, et qui serait le courant plus proprement catholique ? Voyez, aujourd’hui, le christianisme des sillonistes, des modernistes et des abbés démocrates, toutes ces formes d’un catholicisme dit libéral et qui sont tangentes au protestantisme libéral lui-même ; et voyez, à côté, les catholiques d’Action française, ralliés autour de Pie X, ce curé de campagne élevé à la dignité pontificale : n’est-ce pas la différence de la ville à la campagne qui sépare ces deux groupes de chrétiens ? Il n’est pas douteux que le catholicisme, plus concret, plus beau, chargé de plus d’éléments sensibles, ne soit, par rapport au protestantisme, cette forme bourgeoise du christianisme, comme Marx lui-même le désigne, dans le même rapport que la campagne à la ville : il y a bien aussi un catholicisme des villes, le catholicisme des cours, mondain, précieux, raffiné et dilettante, mais c’est déjà la corruption du catholicisme, lequel reste fondamentalement la religion de peuples foncièrement agricoles, comme l’Italie, l’Espagne et la France. Et